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Faire un enfant, quoi de plus naturel !

André Giordan

Faire un enfant, quoi de plus naturel ! L’élever ou du moins l’accompagner dans ses premiers pas, et plus encore dans les suivants, est une vraie gageure désormais, dans une société déstabilisée dans ses valeurs et dans un monde complexe et incertain. La parentalité n’est pas innée. Comment l'apprendre ? Où l’appréhender ? Etre parent, comme être élève est un vrai métier, sans doute le plus difficile dans le monde actuel ? Jamais évident. La venue d’un enfant au sein d’un couple s’apparente à une lame de fond ! Et si en plus, on doit l’élever seul(e) ou dans une famille recomposée?
Pour notre génération et les prédédentes, il existait un code moral sur lequel tout le monde était d’accord. Il y avait des « méthodes » généralement acceptées et partagées. L’objectif était de rendre la plupart des enfants appliqués et dociles, et donc bien adaptées aux exigences d’obéissance et de soumission requises par la société. Peu importe les dégâts affectifs, de développement et de santé mentale.
Au cours des dernières décennies, les conditions et le contexte ont changé radicalement. Des recherches ont émergé, plus ou moins étayées, concernant les enfants, leurs compétences, leur développement, leur bien-être existentiel. L’importance de la qualité de la relation parent-enfant a été identifiée et est devenue déterminante. Toutefois, le socle des valeurs partagées s’est effondré ; ce qui signifie que les parents ont perdu une part importante de l’appui et des repères qu’ils avaient du monde extérieur.
Les parents d’aujourd’hui ont l’immense tâche de concevoir leur propre manière d’être père ou mère. Conséquence de quoi, la plupart des jeunes parents sont déboussolés. Ils récherchent à grands cris des méthodes ! D’où la prospection de recettes ou de la « bonne » formule... Une importante littérature a émergé qui « dit tout et son contraire ». Alors, le/les parent(s) improvise(nt) au coup par coup… et ils font avec les outils dont ils disposent : c’est-à-dire avec des lectures souvent rencontrées au hasard, mais surtout avec leur propre expérience d'enfant. On élève souvent ses bambins en réaction au schéma éducatif qu’on a reçu ou au contraire, en conformité avec celui-ci… 
Nombre de parents sont découragés, convaincus d’être dans une impasse, sous la pression de l’entourage familial qui leur fait sentir qu’ils s’y prennent mal (« tu fabriques un enfant roi »), sous la pression des prescripteurs qui multiplient les propositions pour que l’enfant soit préparé dès la maternelle pour entrer à Polytechnique, en tout cas pour ne pas rater un développement harmonieux. La pression de réussite scolaire véhiculée par la société, conduit à accroître le stress chez les parents, l’anxiété chez les enfants.

La plupart des adultes ne s’interrogent pas suffisamment sur leur capacité à être parent, ils veulent être spontanément « un bon parent ». Des interrogations légitimes, mais qui peuvent avoir l’effet inverse de celui escompté lorsqu’elles se transforment en angoisses démesurées et en perte de confiance en soi au profit d’un activisme effréné. Le parent devient un chauffeur de taxi pour le conduire aux multiples activités !
Chaque enfant est unique, chaque contexte familial est divers. Pas question dénoncer des recettes ou des méthodes… L’important est que les parents soient lucides devant la complexité de leur tache dans un océan d’incertitudes Surtout qu’ils anticipent sans se prendre la tête sur les problèmes éventuels et surtout qu’ils s’interrogent sur ce qu’est « être parent » aujourd'hui, sur l’impact de chaque action éducative, sur les valeurs qu’ils souhaitent transmettre. Et d’abord qu’ils apprennent à écouter leur enfant pour l’accompagner au mieux, sans se laisser devancer… etc.. Plus les parents seront décontractés, préparé !1), plus la réponse sera optimale. Sûrement il importe de développer le partage… à moins qu’il faille mettre en place un « permis » de faire des enfants !


Le partage d’expérience

Dans ce contexte changeant devenu très incertain, où les repères sont flous ou totalement inexistants, où trouver une direction, sinon dans le partage des expériences ?.. Pour un post-partum « heureux » et un début d’éducation prospère, il devient important de témoigner et de confronter les diverses pratiques pour briser les tabous et se donner espoir.
Entre le moment où le nouveau-né commence à interagir avec son environnement et celui où l’enfant prononce ses premières phrases, une partie considérable de son développement est en jeu. C’est la période des « 1000 jours » qui fait désormais l’objet d’un consensus de tous les spécialistes de la petite enfance et que le secrétariat d’État chargé de la protection de l’enfance a reconnu et valorisé avec la nomination de la Commission Cyrulnick.
Mais au delà des quelques mesures administratives, tout reste encore à construire, notamment pour ce qui est présenté comme « l’harmonisation du projet éducatif de l’accueil des enfants avant 3 ans ». En attendant, des groupes d’échanges de savoirs spécifiques entre parents sont à mettre en place dans cette période capitale pour la construction de la personnalité de l’enfant.

 

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1. Sans doute faudrait-il se préparer à avoir un enfant HP ou un enfant handicapé, à élever son enfant seul(e) ou à devenir parent d’une famille recomposée.